Mataë le monstre schizophrène

« Rien n’est éternel »
La vie semblait simple et agréable avant le bouleversement que Mataë dû subir…
Fils unique et hériter d’une famille haut placée dans l’échelle elfique, aucun tracas ne semblait l’atteindre. Sa vie et son destin devaient être tout tracés. Mais ce semblant de bien être ne pouvait durer, il y a toujours un bémol qui vient briser tout ce qui avait été bâtit et faire basculer cet équilibre.
Se promenant dans la forêt environnante qui entoure la grande capitale elfique, la rencontre qu’il allait faire détruirait son avenir qui aurait dû être simple. A travers les bois, il croisa la route d’un vampire affamé. Un vampire? Sur les terres elfiques? C'était tout bonnement impossible, chaque créature avait son petit coin, ne se mêlant que rarement, alors pourquoi diable un vampire se trouverait-il ici?
Sur le coup, Mataë ne s'en soucia guère, préférant l'ignorer, il passerait sans doute son chemin sans s'arrêter, enfin c'est ce qu'il avait pensé...
Lui tournant le dos pour s'approcher de la rivière elfique, Mataë restait tout de même sur ses gardes prêt à agir si l'autre créature essayait de s'en prendre à lui. Après tout, les légendes sur les forces mystiques des morts étaient surement réelles.

Par ce geste anodin, voir naïf, le vampire y vit une ouverture probable. Il s'approcha alors de lui, décidé d'en faire son casse-dalle. Tous ses sens en alerte, Mataë savait qu'il se dirigeait vers lui. Il aurait tant préféré ne pas à avoir à faire à ce genre d'être dangereux.

- C'est une invitation? siffla l'être perfide dépourvu de vie.
Le vampire bondit brusquement vers lui, et le jeune elfe eut juste le temps de l'esquiver avant de lui faire face.

- Je ne crois pas avoir invité un mort sur nos terres. Vous n'avez rien à faire là. Partez.
- Comme c'est bien peu aimable de ta part... on ne vous a donc pas apprit l'hospitalité? Je suis perdu, seul et affamé... Ne veux-tu donc pas m'aider?
-Certainement pas, vous êtes une vil créature qui n'hésitera pas à tuer pour obtenir ce qu'il désire.

Le vampire ricana brusquement, se moquant ouvertement du jeune elfe qui se demandait comment il se sortirait de cette situation risquée. Les vampires étaient, parait-il, rapides et forts. L'elfe n'était doué que dans le tir à l'arc, dans le savoir du monde et l'agilité. Il se demandait s'il pourrait semer le vampire...

- Je t'ai dit que j'étais... affamé!

De nouveau le vampire revenait à la charge prenant au dépourvu l'être aux longues oreilles. Mataë le repoussa malgré tout, se mettant à fuir, il ne voyait que cela à faire, au diable la dignité! Il voulait vivre et non pas se faire dévorer par ce monstre...
La connaissance des lieux lui donnait une légère avance sur le vampire, mais les légendes semblaient fondées... le vampire était rapide, trop rapide.
Il finit par rattraper l'elfe, qui pourtant était lui aussi rapide, mais pas assez pour fuir un monstre sanguinaire. Il l'attrapa par sa longue chevelure épaisse avant de le projeter contre le premier arbre qui venait. Se le prenant de plein fouet, Mataë n'eut pas le temps de se relever pour de nouveau fuir, que le monstre le plaquait au sol avec une telle force, que l'impression d'étouffement se fit vite ressentir.
Il allait donc mourir? Comme une vulgaire animal choisit comme gibier? Du dégoût se fit ressentir. Enfonçant ses ongles dans sa chair, Mataë tentait de le repousser, mais le monstre semblait rester de marbre. Comme un être mort pouvait-il avoir une telle force? C'était contraire à tout ce qu'on lui avait enseigné!

Le mort se pencha sur lui dans un rire cynique avant de lui déchirer la gorge de ses crocs sur-développés. Une douleur vive s'empara de son corps meurtri. Il avait envie de hurler, de se débattre comme un diable, de laisser ses émotions l'envahir... mais un elfe ne doit jamais montrer ses faiblesses, sa peur, sa tristesse, sa colère, non rien de tout cela. Pourtant des larmes douloureuses s'échappaient malgré lui de ses yeux amandes alors qu'il abandonnait, qu'il se donnait à la mort... outrage!

Ses forces le quittèrent, cette impression glacée s'insinua dans tout son être, la douleur s'estompait peu à peu, sa vue se troubla. La mort l'accueillait à bras ouvert, finalement se n'était pas aussi terrible que ce que disait les autres elfes. Le vampire se redressa repu de son festin. Le sang des elfes était exquis! Il observa la créature sans vie, même morte elle gardait de sa beauté elfique comme un masque imbrisable. Une idée saugrenue lui vint à l'esprit... les vampires utilisaient les humains pour en faire des leurs quand l'envie leur prenait, mais cela faisait des décennies qu'ils n'avaient pu toucher aux humains, ayant été bannis de leur monde. Cela faisait fort longtemps qu'il n'y avait pas eu de nouveaux vampires...

Il se mordit le poignet le faisant saigner abondamment sur le visage de l'elfe sans vie, le frottant contre sa bouche devenue rouge par tout ce sang. Ce liquide qui montrait que la vie existait bel et bien encore chez ce vampire, s'insinua entre ses lèvres... une douleur qui n'aurait pas dû être le réveilla brusquement, le tirant des bras de la mort. Ses yeux sans vie s'ouvrèrent en grand et alors que tout elfe respectable ne doit jamais montrer ses faiblesses, il se mit à hurler comme un dément. Jamais il n'avait connu une telle sensation dévorante qui semblait le détruire, pire que ce qu'il venait de vivre.

La nuit était tombée, le vampire assis sur un tronc d'arbre mort observait l'être replié sur lui-même à même le sol sanglotant. Il aurait pensé que l'elfe aurait réagi autrement que c'est simple mortel d'humain, mais il faut croire que la transformation en faisait plier d'un. Bientôt la nouvelle créature aurait faim, le vampire attendait cela avec impatience, mais ce qu'il voulait voir c'était son oeuvre. Il se redressa s'approchant de nouveau de Mataë.

- Debout. On ne va passer l'éternité ici.
étrangement, l'elfe l'obéit et se redressa à son tour, la douleur commençant enfin à s'estomper alors qu'un autre désagrément commençait à le taquiner : la faim. Le vampire découvrir enfin le visage de son nouveau compagnon. On dit que les elfes sont des être magnifiques et pures, on dit que les vampires sont la beauté glaciale des morts, Mataë était un mélange unique. Le vampire en eut un sourire de fierté. Les yeux à présent rouges de l'hybride se posèrent sur lui, aucune expression ne s'affichait sur son visage.

- Et si on allait à ton village?

Mataë n'en avait aucune envie, mais les ordres donnés semblaient agir sur lui d'une certaine manière. Il acquiesça et l'y conduisit. Le vampire fut surpris de voir que le soit disant village n'avait rien d'un village, au contraire, il avait devant lui une grande cité typiquement elfique qui s'étendait à travers la nature. Ils avaient le don de faire un endroit d'une beauté incomparable. Les elfes étaient des êtres fascinants.

En avançant à travers les chemins, les elfes les observaient attentivement, rien ne se laissant transparaitre sur leur visages fins, mais on sentait une certaine tension accroitre. Mataë l'avait conduit au roi de sa tribu. Tous les regards se posaient sur lui, mais rien ne semblait l'atteindre, tout du moins extérieurement. Le vampire se demandait comme ces êtres parvenaient à ce genre de chose.

- Oh roi de cette tribu. Je viens vous demander l'hospitalité pour les quelques jours à venir. Je viens aussi m'excuser pour l'erreur que j'ai commise.

Aucun regret ne le prenait, mais le mensonge était une de ses armes favorites.

- Qu'as-tu fait malheureux! Monstre affame! Oser toucher l'un des notre? Est-ce donc là toute la monstruosité d'un mort?
- Je me doutais que cet acte vous ferez pâlir. Vous êtes bien trop imbu de votre personne, vous les elfes, vous vous êtes toujours sentis supérieur aux autres créatures, pourtant vos talents ne sont pas bien plus élevés que certains.
- Tu oses en plus venir nous insulter! Quittes ces terres sans attendre! Tu ignores la colère des elfes!
- Et pour lui? Que comptez-vous faire?

Un long silence s'imposa à eux. La décision semblait courue d'avance, pourtant Mataë espéra un court instant.

- Il n'est plus des notre dés l'instant où tu as osé le toucher de ta puanteur!
La sentence était tombée. Jamais Mataë ne s'était senti aussi seul qu'à cet instant. Ses amis, sa famille, sa tribu, tous le rejetaient! Et pourtant son visage était dénudé de toute expression. N'en supportant pas plus, il se détourna d'eux et quitta son village suivit de son étrange maître. Il le haïssait... il lui ferait payer cet outrage.

A la lisière de la forêt, une bande de quelques elfes les rattrapa.

- Que voulez vous? Demanda le vampire intrigué.
- Détruire le monstre.
- Le monstre? Vous parlez de mon chef d'œuvre?
Un des elfes cracha à terre, ils avaient l'air furieux. Il était rare de voir un elfe dans un état pareil. Ils insultèrent Mataë de tous les noms, le frappèrent violemment, mais son maître ne bougeait pas, attendant que le monstre se réveille... il savait que le sang réveillerait ses pulsions. Mais jamais il ne serait attendu à un tel changement brusque. L'elfe lui avait montrer son impassibilité pendant tout ce temps et subitement... une nouvelle facette se dévoila....

Mataë se redressa, après avoir été roué de coups au sol, sa tête baissée un tremblement parcouru son échine. La peur? Non, un rire étrange s'échappait de ses lèvres étirées dans un sourire effrayant. Il haïssait, il avait faim, il voulait tuer. Il releva la tête observant ses anciens compagnons, tous des merdeux pensa-t-il.

- Pitoyables... vous êtes écœurants!

Le carnage commença. Personne n'en sortit indemne... personne n'en sortit tout simplement. Ils périrent dans d'atroces souffrances, Mataë avait prit tout son temps, jouant de sa perfidie jusqu'à présent cachée. Il s'était trouvé un intérêt pour la torture. Même le vampire en resta sans voix. Et quand enfin il fut repu, la tension retomba et le Mataë habituel était de retour, inexpressif. Le vampire comprit alors qu'il venait de créer un vrai monstre sanguinaire à double facettes. Il savait qu'un jour lui aussi passerait sous ses griffes, car de ses compétences naturelles, il avait acquis les pouvoirs des vampires. Un chef d'oeuvre? Presque... quoique cette folie dévorante et incontrôlable donnait un certain charme à cette créature délaissée.

"Ainsi naquit le monstre aux deux visages et la légende urbaine se répandit dans Tengoku quand les créatures venues de nul part envahirent la ville..."